« Plus qu’un métier, un héritage et une famille ! »
Petit-fils de docker, fils de docker, neveu de dockers, cousin de dockers… On l’aura compris : Nicolas Jégo a son métier dans les gênes et dans le cœur. Portrait d’un passionné qui, avec ses 75 collègues, œuvre au quotidien pour que les bateaux à quai repartent le plus vite possible.
Enfant, pendant les vacances et les week-ends, Nicolas avait pris l’habitude d’accompagner son père sur les quais de Montoir et de monter avec lui sur les engins – inoubliable ! Comme beaucoup, il aurait pu quitter l’école à 14 ans et devenir docker, mais sa mère a tenu à ce qu’il aille jusqu’au bac. Son diplôme en poche, il se met à envisager un autre avenir professionnel et s’inscrit à l’IUT Statistiques et traitements informatique des données de Vannes. A la fin de sa première année, venu rejoindre son père sur les quais pour quelques jours, il n’en repartira jamais ! D’abord embauché comme occasionnel, il signe un CDI en 2003. Ce choix, le docker ne l’a jamais regretté : « J’aime travailler en extérieur et l’esprit de famille qui règne chez les dockers. On peut compter les uns sur les autres. Et ici, la routine n’existe pas : je ne connais qu’à 18 heures mon programme du lendemain. Franchement, je me vois pas faire autre chose que ce métier ! ».
Polyvalence et vigilance exigées
Un métier essentiel, donc, qui requiert une grande polyvalence déclinée en une petite dizaine de fonctions : calier, signaleur, pointeur, chauffeur du Super Stacker (qui soulève et déplace les conteneurs), chauffeur à bord, accoreur ou encore chauffeur de l’impressionnant multi-wheeler, etc. Une bonne condition physique est nécessaire, ainsi qu’une vigilance de tous les instants car, malgré les normes de sécurité accrues, il reste dangereux de charger/décharger au quotidien des milliers de conteneurs, de les acheminer des bateaux aux camions et inversement, de transporter des tonnes de marchandises diverses (pièces d’éoliennes, ferraille, etc.), en provenance ou en partance pour le bout du monde…
« Le métier de docker fait partie de moi »
À Saint-Nazaire comme dans les autres ports, les dockers forment une grande famille – même si la profession ne se transmet plus exclusivement de père en fils comme autrefois : « On se connaît, on est amis en dehors du boulot et il arrive même qu’on travaille en famille, père, fils, cousins… », explique Nicolas, qui avoue être fier d’avoir pris la relève de son père et de son grand-père, même s’il a bien conscience de jouir de conditions de travail bien moins difficiles qu’eux. Loin de l’image du costaud tatoué transportant « de sac à sac », il représente la nouvelle génération de dockers avec, ancré en lui, le sentiment de défendre un héritage.
Camille Lockhart pour TGO