Sur le port de Montoir-de-Bretagne / Saint-Nazaire, c’est la société Terminal du Grand Ouest (TGO) qui prend en charge la manutention de toutes les marchandises, parmi lesquelles les ferrailles exportées par Derichebourg vers la Turquie et la Maroc. Afin d’assurer un haut niveau de services, les opérations doivent être réalisées toute l’année de manière rapide, fluide et économique. TGO adopte donc une organisation industrielle et se dote d’équipements capables de garantir des prestations de qualité. Parmi eux, une 520 MH, la plus grande pelle de manutention jamais vendue par Atlas en France.
Détenue à parts égales par les spécialistes de la logistique portuaire CMA-CGM et Maritime Khun, la société TGO bénéficie d’une concession d’exploitation du terminal portuaire de Montoir-de-Bretagne, l’embouchure de la Loire, au niveau du pont de Saint-Nazaire. Sur une emprise de 58 hectares, avec plus de 1 km de linéaire de quai, TGO assure toutes les tâches de chargement et de déchargement des bateaux, vraquiers, porte-conteneurs, etc., ainsi que le stockage des marchandises qui transitent par la plateforme. Un travail de manutention qui concerne autant les conteneurs que les colis lourds ou conventionnels (bobines d’acier, éoliennes, etc.) et tous types de marchandises à l’exception du vrac alimentaire.
« C’est le trafic de conteneurs qui prédomine essentiellement dans notre activité » relève Richard Seignard, directeur d’exploitation de TGO. De fait, avec près de 95 000 conteneurs pris en charge en 2023, ce secteur représente 60% de l’activité de l’entreprise. Cependant, la manutention de ferrailles n’est pas anecdotique. Quelque 320 000 tonnes ont ainsi été expédiées depuis les quais de Montoir-de-Bretagne en 2023, soit 20% de l’activité de TGO. « Pour ces marchandises particulières, il s’agit uniquement d’exportation, reprend le responsable. Deux cents mètres de quai sont alloués à leur stockage, sur 60 mètres de large. Une zone spécialement renforcée et bétonnée pour supporter la charge statique considérable que cela représente. »
L’intégralité de ce flux provient d’un client unique : Derichebourg. La plateforme industrielle qui jouxte le port de Montoir-de-Bretagne dispose historiquement d’un broyeur de 6000 ch, auparavant exploité par GDE et repris par Derichebourg en 2021. Le « ferrailleur » affrète régulièrement des bateaux de 20 000 à 25 000 tonnes de ferrailles pour le grand export (Espagne, Maroc, Turquie), expéditions parfois complétées par des navettes fluvio-maritimes, à raison d’environ 10 000 à 15 000 tonnes par convoi.
Préparation des tas en amont
Pour ce faire, la marchandise est répartie le long des 200 mètres de quai dédiés à cette activité, en tas de différentes qualités. « Essentiellement des vieilles ferrailles HMS, de l’acier broyé E40, des ferrailles lourdes E3 et des tôles E202. Mais il nous arrive de préparer des expéditions d’autres qualités comme des inox par exemple », décrit Richard Seignard. A l ‘exception des sortes de ferrailles triées et préparées sur la plateforme du recycleur par broyage, découpe au chalumeau ou cisaillage, certains camions de HMS déchargent directement leur marchandise sur le quai d’embarquement. « Comme nos dockers sont uniquement habilités à réaliser les travaux de manutention, nous avons spécialement autorisé Derichebourg à réaliser lui-même le tri de ces ferrailles sur le quai », souligne le directeur d’exploitation. Un travail effectué par une pelle sur pneus pilotée par un opérateur de recycleur expressément chargé d’écarter les indésirables (bonbonnes de gaz et autre « creux
» potentiellement dangereux) ainsi que les métaux à plus forte valeur ajoutée (cuivre, aluminium, etc.) « non seulement cette pelle réalise le tri, mais elle relève aussi le tas de HMS », poursuit Richard Seignard.
Ce travail de relevage est d’ailleurs une étape essentielle pour assurer le chargement des bateaux dans les meilleures conditions. « Quand un navire est à quai, c’est une grue portuaire Liebherr de 140 tonnes, de 16,20 m d’empattement et 35 mètres de portée maximum qui assurer son chargement avec un grappin de 17m3. Pour optimiser les opérations, on descend en amont un bouteur D6 à fond de cale afin qu’il répartisse au mieux la marchandise déposée par la grue, et qu’il optimise la capacité de réception du bateau en compactant les ferrailles. Mais avant cela, il est nécessaire que le chargement soit préparé au mieux au bord du quai », explique le responsable TGO.
Un travail confié à une pelle Atlas 520 MH, pelle de manutention de 57 tonnes, première unité de cet acabit à travailler en France pour le spécialiste allemand. « Nous avions auparavant un modèle 350 MH du même constructeur, confie le directeur d’exploitation. Mais l’engin était trop faiblement dimensionné par rapport au travail demandé. Il était trop souvent en surrégime, ce qui occasionnait de la casse. Nous avons donc préféré prendre un modèle plus puissant. » En l’occurrence, le choix de TGO s’est porté sur le haut de la gamme des pelles de manutention Atlas.
Le travail de relevage consiste à préparer les tas sur le bord du quai, en respectant les 16,20m de bord à quai (qui correspondent à l’empattement de la grue de chargement) et le mètre et demi de défenses contre lesquelles s’appuie le bateau. Les tas ont donc une quarantaine de mètres de largeur à leur base et montent jusqu’à 15 ou 20 mètres de haut. « Auparavant, le travail de relevage était réalisé à la chargeuse. Mais au fur et à mesure de l’augmentation des quantités expédiées, l’emploi de pelles de manutention s’est imposé. La portée de leur bras permettant de monter le tas plus haut », détaille Ricard Seignard. Avec l’acquisition de la pelle Atlas 520 MH en remplacement de la 350 MH, TGO est passé d’une pelle de 38 tonnes avec un grappin de 600 litres et une portée de 18,20m à un engin de 57 tonnes, équipé d’un grappin de 700 litres et capable d’atteindre 20 mètres de portée.
Le travail se fait en continu, avec des approvisionnements quotidiens, ce qui requiert d’avoir des machines fiables et durables capables de respecter l’organisation quasi industrielle du poste. A cet égard, TGO relève aussi la proximité (une dizaine de kilomètres) et l’efficacité de Pem’ Services, distributeur des pelles Atlas basé à Saint-Brévin. « On travaille avec eux depuis de nombreuses années et le SAV a toujours été à la hauteur de nos attentes », confirme l’exploitant.
De son côté, le constructeur Atlas insiste sur la fabrication spécialement calibrée de ses pelles pour répondre aux contraintes spécifiques de la manutention industrielle. « La conception robuste de la 520 MH et son puissant moteur stage V Deutz de 273 kW sont là pour le prouver », explique-t-il avant d’évoquer un autre point fort : la cabine vario mobile qui s’élève à 3 mètres de haut et se décale de 2,5 m vers l’avant. De quoi garantir une vue d’ensemble claire, une excellente visibilité panoramique et, surtout, le champ de vision requis pour bien préparer les tas. A cet égard, la pelle est dotée d’un balancier de 9,24 m qui prolonge la flèche de 12,10 m pour procurer à l’ensemble une portée de 20 mètres.
Autre spécificité, sur le châssis, la couronne de rotation est commandée par un engrenage à transmission planétaire, avec un frein multidisque automatique. La rotation de la tourelle se fait donc à 5,2 tours par minute, avec 164Nm de couple, ce qui garantit la productivité de la pelle. Côté sécurité, on note un dispositif d’avertissement de surcharge et une protection contre la rupture des flexibles des vérins de levage et du bras. Atlas pointe aussi le train de roulement équipé d’essieux spéciaux pour les pelles lourdes tandis que l’essieu directeur est doté d’un verrouillage automatique de l’essieu oscillant. « Les opérateurs apprécient le confort de la cabine équipée de série de climatisation et à l’intérieur de laquelle le niveau de bruit n’excède pas 70 dB » avance Richard Seignard avant de conclure : « Cet engin illustre parfaitement la volonté de TGO d’offrir à ses clients un haut niveau de services tout au long de l’année. »
Hubert de Yrigoyen, Recyclage récupération 74, Mai-Juin 2024